Cause: BXL Refugees
Je suis belge, auteur-compositeur-interprète et actrice depuis une vingtaine d’années et j’ai toujours été très sensible à l’injustice. Mes chansons en parlent en filigranes. C’était ma manière à moi d’être solidaire et de sensibiliser à des sujets parfois difficiles. Mais un jour, j’ai eu besoin de plus. Besoin d’action concrète. Et c’est là que j’ai rencontré la fabuleuse équipe de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés à Bruxelles. L’histoire de cette Plateforme remonte à l’été 2015. Confronté à l’arrivée de centaines de réfugiés victimes de guerres et/ou de persécutions diverses dans leur pays, l’État Belge manquait à tous ses devoirs en matière de droits humains en abandonnant ces gens qui
avaient déjà traversé tant d’épreuves pour arriver jusque chez nous. Et c’est d’un élan de solidarité citoyenne mené par un petit groupe de personnes bénévoles, intelligentes et courageuses qu’est né ce mouvement. Plusieurs collectifs et un nombre incalculable de citoyen bénévoles se sont réunis pour établir la « Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés ».
En 2017, l’État belge réagit à une nouvelle arrivée d’exilés au parc Maximilien de Bruxelles par un durcissement de la politique migratoire et une répression envers ceux qui ont à peine un sol boueux pour passer la nuit et à qui on interdit même de s’abriter sous une tente. Rapidement, afin de protéger les exilés des actions répressives souvent violentes et des rafles policières qui ont lieu presque chaque matin à l’aube, l’hébergement citoyen s’organise.
Et dans l’urgence, une offre de repas, de soins de santé, un hébergement, des animations, un soutien psychologique ou scolaire tous âges ont été aménagés dans le Parc Maximilien, qui jouxte l’Office des Etrangers
L’action de la Plateforme est à la base d’une mobilisation de plus de 10.000citoyens bénévoles qui permet la protection de plus de 600 exilés chaque jour en Belgique. Cette Plateforme Citoyenne encourage aussi une politique migratoire en accord avec les conventions internationales et européennes, dans le respect des droits et des choix de chacun.
Chaque nuit, hommes et femmes viennent de partout en Belgique au parc Maximilien afin de conduire, accueillir et héberger une nuit, ou plus ces « invités » comme ils ont rapidement commencé à les nommer entre eux. Pour être solidaire et leur rendre leur humanité. Ce dont je ne me rendais pas compte au départ c’est qu’en participant à cet élan j’allais recevoir beaucoup plus que ce que j’allais donner.
Depuis, cet élan n’a cessé de prendre de l’ampleur. En décembre 2017, l’ouverture de la Porte d’Ulysse – centre d’hébergement de 350 places organisé par des citoyens bénévoles – puis le lancement en avril 2018 d’hébergements collectifs dans plusieurs quartiers de Bruxelles et du Brabant Wallon viennent soutenir et renforcer l’accueil citoyen.
L’asbl a grandi et se structure désormais en différents pôles : hébergement ; distributions de repas et de vêtements ; service d’information sociale et administrative ; lieux de parole, d’écoute et de soutien pour les citoyens bénévoles; école de langues; information et outils de communication et de sensibilisation sur la thématique, etc.
L’organisation de ces activités n’est possible que grâce au travail quotidien de centaines de bénévoles, issus de tous les milieux sociaux, de tous les horizons politiques et provenant de tous les coins de Belgique. Le mot d’ordre de la Plateforme ? Face à l’immobilisme, le mouvement citoyen !
Cette plateforme est un vrai collectif humain mené avec amour par Mehdi,Adriana et autres belles personnes qui ont donné de leur temps et qui en donnent plus encore aujourd’hui, pour que ce mouvement soit bien représenté auprès des médias et des politiques. Ce mouvement citoyen s’organise au jour le jour pour la dignité de l’être humain. Et ce mouvement est contagieux. Sur le site de la plateforme, les témoignages abondent. C’est très touchant. Mais vraiment très. On n’en sort pas indemne. Alors on a envie d’aider mais souvent on n’ose pas. Mais grâce à cette structure citoyenne on sent qu’on est accompagné. Et finalement, on se lance. On accueille ou on transporte, on donne un petit coup de main. Travail de fourmi mais qui change la donne. La plateforme ne se substitue pas à l’état. Elle pallie à ses manques et est génératrice de beauté, de bonté, de partage. On se sent vivant. En faisant si peu dans le fond. Ce n’est pas difficile ou lourd à intégrer. C’est ça qui m’a le plus marqué. C’est tellement facile en fait. Beaucoup plus facile qu’on ne le pensait avant de le faire. Et même si c’est juste une nuit ou deux, un trajet ou une récolte de vêtement, on en retire tellement. C’est concret et le résultat est immédiat.
KARIN CLERCQ
Site officiel : https://www.karinclercq.com